George SAND compta beaucoup d'amis pendant sa vie car son oeuvre suscitait
l'émotion bienveillante, inspirait l'ouverture du coeur, la
générosité altruiste, l'espérance d'une
société fraternelle. Consolante, elle n'enseignait pas
la misanthropie.
Des centaines de lettres d'inconnus,
issus de tous les milieux, en témoignent (encore n'ont-elles
pas été conservées dans leur totalité).
Ici, c'est un ouvrier qui lui écrit : "En vous lisant,
j'ai senti que je devenais meilleur". Là, un pasteur de
l'église réformée : "Je viens de lire l'histoire
de votre vie ; et quoiqu'elle m'ait présenté bien des
choses contraires à ma foi, elle m'a pourtant inspiré
pour vous une affection réelle".
D'âge en âge, de nouveaux
amis ont remplacé ceux des anciens jours. Depuis onze ans que
je publie sa correspondance, j'ai pu constater, par les lettres que
je reçois à mon tour, combien elle a gardé de
fidèles. De nouvelles générations de lecteurs
sont venues, qui au début s'intéressent peut-être
davantage à la femme qu'à l'auteur, mais, chemin faisant,
prennent ou reprennent contact avec l'oeuvre.
Bien souvent, j'avais pensé
qu'il était dommage de ne pas tenter de regrouper ces admirateurs
isolés. Mais l'énormité de ma tâche ne
me permettait pas d'en prendre l'initiative.
Il s'est trouvé, heureusement, une admiratrice résolue
pour faire revivre la Société des Amis de George SAND
qu'avait jadis fondée et présidée Aurore, la
dernière petite-fille. Madame Martine BEAUFILS s'est attelée,
avec une activité et une ténacité dignes de tous
les éloges, à mettre sur pied l'association nouvelle,
ce qui impliquait des démarches sans nombre et une correspondance
à l'avenant.
Une Association qui n'a pas de bulletin
de liaison végète. Seul cet indispensable instrument
de communication permet la circulation des idées et des informations,
maintient le contact entre les membres, surtout quand ils sont disséminés
par toute la France et certains à l'étranger. Seul il
facilite le recrutement de nouveaux adhérents.
J'adresse à tous ceux qui liront
ce premier bulletin un pressant appel pour qu'ils le fassent circuler
et recherchent des adhésions autour d'eux. Plus notre Association
sera forte, mieux elle sera en mesure de réaliser le programme
ambitieux que se sont fixé ses fondateurs. L'année 1976,
qui marque le centenaire de la mort de George SAND, et au cours de
laquelle auront lieu de nombreuses manifestations commémoratives,
offre un terrain propice.
Répondant, dans une page peu
connue, au reproche que lui avait fait souvent la critique, de trop
idéaliser ses personnages, George SAND écrivait à
la fin de sa vie : "Je ne l'ai pas fait exprès. Ils me
sont apparus comme je les ai dépeints... J'ai peut-être
aussi rencontré trop de belles âmes dans la vie réelle,
et j'ai cru à la droiture, à l'amitié, au désintéressement...
Mes honnêtes et purs personnages ne sont pas des abstractions,
et j'ai remarqué qu'ils étaient toujours acceptés
comme possibles par les personnes qui leur ressemblaient."
Je crois pouvoir dire que la race n'en
est pas perdue, de ces personnes qui ressemblaient à
telle ou telle des touchantes fictions de George SAND. Non, cette
famille d'esprits n'est pas absente de notre époque matérialiste.
Et c'est un des buts de notre Association que de rassembler ceux qui
en font partie.