Réponse de Bernard
Hamon
Cher Monsieur,
George Sand n’a pas participé à
la conception de la Constitution du 4 novembre 1848. Les élections
du 23 avril avaient donné une chambre bourgeoise où
les républicains modérés dominaient ; George
Sand n’y comptait donc que peu d’amis. De toutes façons,
la commission chargée de l’élaboration présidée
par Cornemin était parlementaire et ne débuta ses travaux
que le 22 mai. Or à cette date George Sand se trouvait à
Nohant où elle avait préféré se réfugier
pour éviter des poursuites éventuelles à la suite
de l’insurrection du 15 mai, rapidement matée, dans laquelle
certains de ses amis, dont Barbès, se trouvaient impliqués.
Elle ne reviendra d’ailleurs à Paris et pour trois jours
seulement le 1er mai 1849.
Cependant, il faut signaler les « conciliabules » (voir
lettres à son fils Maurice des 16 et 17 avril 1848 dans le
tome VIII de la Correspondance éditée par Georges
Lubin, pp.411-420) menés avec Ledru-Rollin, ministre de l’Intérieur
du Gouvernement provisoire, pour tenter de gagner les élections.
Elle lui présenta avec Pierre Leroux trois propositions de
lois portant sur la forme qu’il fallait donner au gouvernement,
une nouvelle loi électorale et enfin une loi de finances. Ces
propositions n’eurent aucune suite.
George Lubin en parle dans Œuvres autobiographiques,
La Pléiade, tome 2, pp.1181. Pierre Salomon a retrouvé
à ce sujet un document sur ces propositions, écrit par
Victor Borie sous la dictée de George Sand. Il le publie et
le commente dans Revue des Sciences humaines, fasc.96, oct./déc.1959.
Concernant les Carbonari, aucun document ni
de Sand ni d’autres sources ne mentionnent une participation
quelconque dans une société secrète. On sait
qu’elle éprouva de la sympathie pour celles qui se battaient
pour plus de liberté et d’égalité (voir
Consuelo et Comtesse de Rudoltadt). On sait aussi
qu’elle se lia d’amitié avec certains de leurs
membres, Leroux qui fut carbonaro, Godefroy Cavaignac, fervent républicain,
et encore Edmond Barbès. Mais il est probable que cela n’alla
pas plus loin. D’ailleurs ces sociétés auraient-elles
voulu d’une femme dans leurs rangs ?