L'Italie de George Sand
n'est pas seulement le stéréotype présenté
par ses contemporains, terre d'art et de beautés naturelles,
d'enthousiasmes, de sensualité, de passions, c'est quelque chose
de différent. Le regard que George Sand porte sur l'Italie et
sur son peuple n'ignore pas des finalités tout à la fois
sociales et morales, mais ce n'est ni celui de Mme de Staël, ni
celui de Stendhal, lesquels, pourtant, s'étaient posé
ces mêmes questions.
D'une grande originalité est la confrontation entre l'étranger
et l'étrangère, qui, dans ses romans, viennent en Italie,
et la population locale, qu'elle qu'en soit la classe sociale. La réalité
italienne, pour eux, est énigmatique et, lorsqu'ils parviennent
à y pénétrer, elle est bouleversante, surtout lorsqu'ils
tentent d'établir des liens entre le monde féminin, l'art
de la société. La femme italienne ressemble beaucoup à
George Sand, pour le courage, l'esprit d'indépendance, l'attirance
vers la nature, pour l'engagement moral envers la famille.
Quant à l'homme, il s'identifie avec le véritable artiste,
indépendant, improvisateur dans tous les domaines de l'art, un
exemple pour les étrangers qui doivent se rendre en Italie, s'ils
veulent devenir de vrais artistes et se libérer de tout académisme.
L'Italie est la terre de la "commedia dell'arte" et des grands
artistes sans lesquels jamais il n'y aurait eu le grand art.
Toutefois, le pays que, dans son imaginaire, Aurore a rêvé
dès son enfance à travers la littérature, la musique
et la peinture, ne deviendra pas plus véridique après
les voyages en Italie de 1834 et 1855. L'Italie, tant aimée de
l'auteur, n'a donc été qu'une superposition d'images qui
met en route l'imaginaire ? Venise, par exemple, devient "un espace
pour les fictions", c'est par rapport à d'autres villes
du Nord, par excellence le lieu de la séduction et la confusion,
à cause des réminiscences de la Renaissance, du XVIIIe
siècle et de l'Orient ; confusion des identités dans son
éternel carnaval de vérités et mensonges, des valeurs
morales parce que le cadre pousse à se laisser entraîner
au-delà de toute règle.
Le séjour vénitien
a été important pour George Sand car il a contribué
aussi à l'élaboration de la pensée musicale de
l'auteur de "Consuelo". Mais il y a au moins une autre Italie,
celle de la politique, que fait vivre l'intense correspondance avec
Giuseppe Mazzini et qui intéresse profondément la grande
romantique.
Sur l'Italie de George Sand beaucoup donc restait encore à dire
! Cet ouvrage est le fruit d'un colloque dont le grand succès
a été dû à l'importance du sujet et à
la participation des dix-neuvièmistes les plus illustres sur
le plan international, colloque qui a été en même
temps la première manisfestation des commémorations qui
s'organisent pour le bicentenaire de la naissance de George Sand.
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BVI 66. Présences
de l’Italie dans l’œuvre de George Sand,
C.I.R.V.I, 2004, XXXII+432 pages. Euros 39 (frais non inclus)
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C.I.R.V.I.
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Italie
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SOMMAIRE
Annarosa POLI, Préface —
José-Luiz DIAZ, L’Italie sandienne
L’Italie entre réel et imaginaire
Simone VIERNE, L’Italie imaginaire de George Sand dans "Histoire
du rêveur" — Isabelle HOOG NAGINSKI, Le Mythe de
l’Italie chez George Sand ou "Lélia" et l’Italie
invisibile — Lucienne FRAPPIER-MAZUR, Retraite et ressourcement
dans l’imaginaire italien de George Sand : "Lucrezia Floriani",
"Le Château des Désertes", "Elle et Lui"
Types et caractères italiens
Brigitte DIAZ, Le mythe de l’italienne dans les romans de George
Sand — Annabelle M. RÉA, L’adolescente sandienne
: le cas italien — David A. POWELL, Le Stéréotype
de l’Italien chez Sand : le cas du "Secrétaire intime"
— Valentina PONZETTO, Altérité et ailleurs. L’Italie
dans "Gabriel" de George Sand
La musique, la peinture et le théâtre italiens
Annarosa POLI, George Sand et l’opéra italien —
Béatrice DIDIER, La musique italienne dans les "Lettres
d’un voyageur" — Joseph-Marc BAILBÉ, "Teverino"
et la musique italienne : marivaudage et improvisation — Nicole
SAVY, "Les Maîtres mosaïstes" : la question de
l’original et de la reproduction. George Sand et la hiérarchie
des arts — Roberto CUPPONE, L’epopea dei comici italiani
nel Teatro di Nohant
Histoire, idéologie
Gian Paolo ROMAGNANI, Sur Mazzini — Nicole MOZET, Entre Orient
et Occident : une ville où les extrêmes se touchent Venise
en guerre en 1687 ("L’Uscoque") — Michèle
HECQUET, "Jacques" et "Simon" : horizons italiens
Langue et traduction
Éric BORDAS, Présence de l’italien dans la langue
de George Sand — Christine CALLET, "François le
Champi" en Italie : ce que sous-entend une traduction littéraire
La poétique des lieux
Barbara WOJCIECHOWSKA, George Sand et la Sicile — Anne MCCALL
SAINT-SAENS, Au-delà du sale et du propre : des "Lettres
d’un voyageur" à "La Daniella" —
Damien ZANONE, Un Robinson à Rome ? À propos de "La
Daniella" — Gislinde SEYBERT, L’esthétisation
de la nature italienne dans l’œuvre de George Sand
Ombres et lumières de l’âme vénitienne
Max MILNER, Le passé et le présent de Venise dans l’œuvre
romanesque de George Sand et de Balzac — Christine PLANTÉ,
Ne sommes-nous pas à Venise ? (sur "Leone Leoni")
— Simone BERNARD-GRIFFITHS, Venise palimpseste : des "Lettres
d’un voyageur" (1834) à "Mattea" (1835)
de George Sand — José-LUIS DIAZ, Opéra par lettres
«L’aventure de Venise» selon les deux premières
"Lettres d’un voyageur".
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