J’ai cru comprendre dans une des lettres à Harrisse que la fille de George Sand avait épousé le peintre Calamatta. Mais je me demande si je n’ai pas fait erreur : qui avait donc épousé le sculpteur et peintre Clésinger ? Je ne connais pas la vie de George Sand, qui doit vous être plus que familière : savez-vous quelle lien eut Calamatta avec la famille Sand ? Mille merci de votre bienveillante amabilité. Bien à Vous |
Réponse de Sylvie Veys
Luigi Calamatta est né à Civitavecchia le 21 juin 1801. Devenu orphelin très jeune, il suit son goût pour les études artistiques et commence des études de gravure sur cuivre. Il fut notamment l’élève de Ricciani et Marchetti. Il commença à travailler à 19 ans. D’abord en Italie, puis en France, où il arrive en 1822. Il y devient l’élève de Ingres, qui sera d’ailleurs le parrain de sa fille Lina, future bru de George Sand. Luigi Calamatta se fait connaître notamment en gravant le masque funéraire de l’Empereur Napoléon et Le vœu de Louis XIII de Ingres, exposé à Paris en 1837. George Sand le rencontre en 1835, lorsque son éditeur, Buloz, lui commande son portrait. (Voir à ce sujet SAND George, Histoire de ma Vie, Gallimard, Paris, 1971, Bibliothèque de la Pléiade, tome II, pp.276-277). Calamatta et Sand nouent tout de suite une grande amitié. Il gravera en tout trois portraits de la romancière. Celle-ci écrira d’ailleurs à son sujet un article qui contribuera grandement à le faire connaître et à accroître sa popularité. (Voir à ce sujet SAND George, Questions d’art et de littérature, des Femmes, Paris, 1991, pp.99-107.) A partir de 1836, Calamatta devient professeur à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles. Il se marie en 1840 avec Joséphine Raoul-Rochette, petite-fille du sculpteur Houdon et élève d’Ingres. En 1842 naît Marcelline (dite Lina), leur fille unique. En 1852, Joséphine Calamatta abandonne son mari et sa fille et reste à Paris, tandis que Luigi et Lina s’installent à Bruxelles, à Gênes puis à Milan. (A propos de Joséphine Calamatta : CHEVEREAU Anne, Joséphine Calamatta, élève d’Ingres et mère (méconnue) de Lina, dans Les Amis de George Sand, 1986, n°7, pp.25-30.) En juin 1861, Calamatta et sa fille passent trois jours à Nohant. A cette époque, Sand cherche la bru idéale qui pourrait épouser son cher fils Maurice. Dès le 20 mars 1862, Sand demande la main de Lina et le mariage aura lieu le 17 mai 1862. Lina et Maurice auront trois enfants : Marc-Antoine, dit Cocoton, qui ne vivre que quelques mois (1863 – 1864) ; Aurore, dite Lolo (1866-1961) ; Gabrielle, dite Titite (1868-1909).
Jean-Baptiste Clésinger est né le 22 octobre 1814 à Besançon. Il devient sculpteur comme son père, étudie à Florence, et expose au salon de Paris en 1843. Il est habile et ses sculptures font beaucoup parler en raison de leur sensualité, notamment La femme piquée par un serpent, exposée au salon de 1847. En 1847 également, il écrit à George Sand et lui demande sa protection, lui proposant par la même occasion de réaliser son buste et celui de Solange, la fille de la romancière. Lors des séances de pose, il séduit la jeune fille, pourtant fiancée à un gentilhomme berrichon. Clésinger mène alors son projet de mariage tambour battant, croyant la romancière beaucoup plus riche qu’elle ne l’est. Le couple aura deux enfants, prénommées Jeanne toutes les deux. La première, née en 1848, ne vivra que quelques mois. La seconde, la fameuse Nini, naît en 1849 et meurt en 1855, victime des dissensions de ses parents. En effet, le ménage « diabolique » connaît très rapidement des crises. La séparation devient effective et les parents se disputent la fillette. Clésinger mourra le 5 janvier 1883.
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