• Date:

Deux importantes Lettres Autographes Signées à Eugène Sue (1804-1857)

 

– L.A.S. de George Sand de 2 pages et demie in-8, datée de Nohant, 8 mars 49. « Mon cher confrère, je viens de lire Le Berger de Kravan. J’avais reçu votre envoi le jour même où je partais pour Paris. Je n’ai eu que le temps d’en faire la distribution et après trois jours je suis revenue et j’ai trouvé tous les lecteurs charmés et convaincus. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’il m’a été possible de lire à mon tour, et moi aussi je suis pleinement satisfaite. Je dirais persuadée si je ne l’avais pas été d’avance. Vous êtes bien lu et compris par les ouvriers des villes particulièrement. Les paysans ici ne lisent pas. Ils ne savent ou ne veulent, mais les ouvriers agissent sur eux, et gagner un ouvrier c’est gagner un certain nombre de paysans. Votre but est donc rempli. Vous savez toucher la corde de la réalité mieux que personne, et personne ne peut faire comme vous ces petits livres. C’est un excellent contrepoison. Faites-en beaucoup. C’est une bonne oeuvre, et elle vous sera comptée et par la divinité et par les pauvres humains. Venez donc me voir, vous me l’aviez promis autrefois. Il me semble que nous sommes très près l’un de l’autre et que par les chemins de fer, ce serait une course de quelques heures. Le chemin de fer s’arrête à Châteauroux. J’en suis à huit lieues, mais c’est une route magnifique et qu’on fait en trois heures au plus. Si vous avez le tems et si le coeur vous en dit, je serais bien contente de vous serrer la main fraternellement. Je me suis tellement identifiée avec le peuple depuis que je suis au monde, qu’il me semble que moi aussi je vous dois de la reconnaissance. A vous Georges Sand. »

 

– L.A.S. de George Sand d’une page et demie in-8, datée de Nohant, 21 avril [1849]. « Mon cher confrère, je m’impatiente de ne pas recevoir votre petit livre que vous avez la bonté de m’envoyer et de m’annoncer. Je crains que l’on ne l’ait pas mis à la poste selon vos instructions. Enfin je ne le reçois pas et je tiens beaucoup à le recevoir. J’ai fait lire Le Berger de Kravan à des réunions d’ouvriers. Il a été très bien accueilli et compris. On m’en a demandé d’autres, et il eût fallu me séparer de mon exemplaire. Dites-donc qu’on m’en envoie deux ou trois, et quelques-uns aussi du second livre. Si vous ne pouvez pas en disposer, dites-moi où on peut se les procurer. Le dernier ouvrage est-il édité aussi par la Démocratie pacifique ? Il serait bien utile d’avoir ces ouvrages pendant que, sous prétexte d’élections, on peut encore réunir les ouvriers. Après, je ne sais comment nous ferons. Pardon de mon griffonnage. Je viens d’être très malade, mais je ressuscite aussi vite que j’agonise, et je ne suis pas encore morte. Je le sens à ma sympathie et à mon estime pour vous. George Sand. »

 

Papier des lettres légèrement jauni. Les angles supérieurs de la première lettre manquent, avec perte minime de quelques lettres sur la troisième page.

 

Aucune lettre de George Sand ne semble répertoriée ou connue entre le 6 et le 13 mars 1849 et à la date du 21 avril 1849, selon la Table chronologique de la correspondance de George Sand établie par Henri Schoenmackers. La première lettre est sans doute la réponse de George Sand à la lettre qu’Eugène Sue lui avait envoyée avec son ouvrage Le Berger de Kravan le 22 février 1849. Il s’agit de l’ouvrage Le berger de Kravan, ou Entretiens démocratiques sur la république, les prétendants et la prochaine présidence. Paris, Librairie sociétaire, 1848. Voir Georges Lubin, George Sand : Correspondance, tome IX, Janvier 1849 – décembre 1850, Paris, Garnier, 1972, p. 41-43. Cette première lettre à Eugène Sue sera complétée très largement par une seconde lettre le 16 mars, où George Sand développera ses premières impressions, évoquées ici spontanément. Voir George Sand, Lettres retrouvées, édition établie, annotée et présentée par Thierry Bodin. Paris,

Gallimard, 2004. La seconde lettre décrit l’attente impatiente par George Sand de recevoir très probablement la suite et seconde partie du Berger de Kravan, ou Entretiens démocratiques et socialistes, sur les petits livres de MM. de l’Académie des sciences morales et politiques et sur les prochaines élections, parue le 14 avril 1849, dont l’envoi lui a été annoncé par Eugène Sue.

 

Belles lettres inédites et inconnues qui laissent percevoir le souci de la condition sociale des ouvriers et les idées politiques avancées de George Sand pour son époque….

5000 €

En savoir plus